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Goodyear vs Blake : quelles différences ?

Les amateurs de souliers haut de gamme entendent souvent parler de « cousu Goodyear » et « cousu Blake ». Mais quelles différences se cachent derrière ces termes ? Ces deux techniques de montage de chaussures en cuir pour homme sont réputées pour leur qualité, chacune avec ses atouts et ses limites. Du mode de fabrication artisanal à l’élégance du design, en passant par le confort et la durabilité, nous vous proposons un tour d’horizon complet. Vous découvrirez en quoi le montage Goodyear et le montage Blake diffèrent, et comment choisir la paire idéale en fonction de votre style de vie. Prêt à percer les secrets de fabrication de vos chaussures préférées ?

  1. Goodyear et Blake : définitions et origines
  2. Construction : comment sont fabriquées ces chaussures ?
  3. Confort, durabilité et entretien : le match Goodyear vs Blake
  4. Style et occasions : quand porter du Goodyear ou du Blake ?
  5. Chiffres-clés à retenir
  6. FAQ – Questions fréquentes
One Cut Harry - Noir

Modèle Harry : L'élégance d'une One cut alliée à la finesse d'une semelle cousu Blake

 

1. Goodyear et Blake : définitions et origines

Goodyear

Le cousu Goodyear désigne un montage de chaussure inventé en 1869 par l’américain Charles Goodyear Jr.. Il se caractérise par la présence d’une trépointe (une bande de cuir faisant le tour de la chaussure) qui sert de point d’attache entre la tige (le dessus en cuir), la semelle intérieure et la semelle extérieure. Une couture horizontale fixe d’abord la trépointe à la tige et à l’intérieur, puis une seconde couture (dite petits points) relie la trépointe à la semelle d’usure. Ce procédé ingénieux crée une liaison très robuste tout en laissant une surface intérieure lisse et confortable pour le pied. Depuis plus d’un siècle, le cousu Goodyear est ainsi synonyme de souliers haut de gamme, particulièrement durables et réparables.

Blake

Le cousu Blake, lui, est plus ancien : il a été mis au point en 1858 par l’inventeur Lyman Reed Blake, grâce à une machine à coudre spéciale. Ici, pas de trépointe : la tige est directement cousue à la semelle intérieure et à la semelle extérieure, en une seule couture qui traverse de part en part la chaussure. Le fil est visible sous la semelle (et parfois à l’intérieur, si la première de propreté n’est pas intercalée). Cette construction simplifiée a révolutionné l’industrie au XIXe siècle par son efficacité, permettant de produire des chaussures solides plus rapidement qu’avec un montage traditionnel cousu main. Elle est devenue emblématique des souliers made in Italy au design fin. Comme le résume un expert anglophone : « Il n’y a rien de mal en soi avec les chaussures en cousu Blake… Elles sont simplement plus délicates et ne dureront pas aussi longtemps que des chaussures cousues Goodyear ».

Un gage de qualité face au montage « collé »

Avant d’aller plus loin, précisons que ces deux méthodes (Goodyear et Blake) s’opposent aux montages industriels collés, dits cimentés. Dans 95 % des chaussures produites dans le monde, la semelle est simplement collée à la tige – un procédé économique mais moins durable. À l’inverse, une chaussure cousue témoigne d’un véritable savoir-faire artisanal. Choisir un montage cousu, qu’il soit Blake ou Goodyear, c’est donc s’assurer d’avoir des souliers de meilleure qualité, réparables et conçus pour durer des années. C’est aussi un critère d’élégance pour les connaisseurs : il suffit de retourner la chaussure et d’observer la présence de coutures pour distinguer un soulier d’exception.

 

2. Construction : comment sont fabriquées ces chaussures ?

Pour comprendre les différences de ces montages, penchons-nous sur leur construction pas à pas.

Le montage Goodyear en pratique

Dans un montage Goodyear, la réalisation est complexe et fait appel à plusieurs couches de matériaux. Après avoir formé la tige sur la forme, le bottier fixe une lisse en cuir ou une nervure en coton le long de la semelle intérieure. C’est sur cette base que sera cousue la trépointe. La première couture (dite couture Goodyear) assemble ensemble la tige, la semelle intérieure et la trépointe. Ensuite, on ajoute la semelle extérieure (souvent une épaisse semelle cuir ou gomme selon les modèles), qui est à son tour cousue à la trépointe par la couture petits points verticale visible sur le pourtour. Un espace se trouve donc entre la semelle intérieure et la semelle extérieure, comblé par un rempli de liège naturel. Ce dernier joue un rôle important : il s’adapte à la forme du pied et absorbe les chocs ainsi que l’humidité, contribuant au confort de marche. Enfin, le talon est fixé (généralement cloué et collé) pour finaliser l’assemblage. Ce processus nécessite de nombreuses opérations manuelles et mécaniques, ce qui explique qu’une véritable chaussure cousue Goodyear a un coût plus élevé qu’un soulier ordinaire – méfiez-vous des prétendus Goodyear vendus à prix plancher, qui cachent souvent un montage collé trompeur. Le résultat, en revanche, est à la hauteur : on obtient une chaussure à la construction robuste, avec une légère épaisseur de semelle visible sur le pourtour (due à la trépointe). Cette épaisseur ajoute du caractère visuel et de l’assise à la chaussure. Les points de couture apparents sur la trépointe (petits points réguliers) sont le signe distinctif d’un cousu Goodyear réussi.

Le montage Blake en pratique

En cousu Blake, la construction est plus simple et épurée. La tige est d’abord rabattue sous la semelle intérieure, puis directement cousue à la semelle d’usure dans la même opération. Autrement dit, un seul fil traverse l’ensemble, de l’intérieur vers l’extérieur. Cette couture unique, généralement réalisée à la machine Blake, lie solidement la chaussure tout en éliminant la nécessité d’une trépointe. Le gain de place est notable : la semelle peut être coupée au plus près de la forme de la tige, sans débord, donnant au soulier un profil très affiné. C’est pourquoi de nombreux mocassins légers ou richelieus élégants sont montés en Blake : cela autorise des designs plus fins et modernes qu’un montage Goodyear traditionnel. Concrètement, le cordonnier utilise une machine spéciale (la fameuse machine Blake) pour réaliser la couture intérieure qui fera tout le tour de la chaussure. À l’intérieur, on peut parfois sentir ou voir le point de couture qui longe la première de montage, sauf si une doublure ou semelle de propreté vient le recouvrir. À l’extérieur, la couture apparaît en une rangée de points circulant sur la semelle, généralement assez près du bord. Une seule opération de couture suffit pour unir la chaussure, ce qui rend la fabrication plus rapide et moins coûteuse – tout en conservant un bon niveau de solidité.

Zoom sur la semelle en cuir cousue Blake du modèle Antoine et sa couture

Reconnaître un montage Goodyear ou Blake

À l’œil nu, un cousu Goodyear se repère à la présence de cette trépointe qui dépasse légèrement entre la tige et la semelle extérieure. La chaussure semble avoir un « rebord » de quelques millimètres tout autour, souvent agrémenté de surpiqûres visibles sur le pourtour. Si vous retournez la chaussure, vous verrez généralement deux rangées de coutures : l’une (parfois cachée en rainure) fixant la semelle extérieure à la trépointe, l’autre invisible car interne. En revanche, un cousu Blake n’a pas de rebord supplémentaire : la tige rejoint directement la semelle. En retournant la chaussure, vous verrez une unique rangée de points de couture qui traverse la semelle extérieure. À l’intérieur, en soulevant la semelle de propreté si possible, on peut apercevoir ces points ressortir le long de la première. Le profil du soulier Blake est plus fin et affûté, là où le Goodyear paraît un peu plus massif (ce qui n’est pas un défaut, tout dépend du style recherché).

 

3. Confort, durabilité et entretien : le match Goodyear vs Blake 

Au-delà de la technique de fabrication, ce qui intéresse le porteur au quotidien ce sont les sensations, la longévité de ses souliers, et les soins à y apporter. Alors, comment se comparent nos deux montages sur ces aspects pratiques ?

Durée de vie et ressemelage

Sur le ring de la durabilité, le cousu Goodyear remporte souvent la manche. Grâce à sa double couture et à la trépointe, il offre une structure plus résistante dans le temps. La semelle extérieure peut être remplacée de nombreuses fois sans fragiliser la tige : il suffit de découdre la couture inférieure et de recoudre une nouvelle semelle sur la trépointe existante. Un bon bottier peut ainsi redonner vie à vos Goodyear encore et encore, tant que la tige en cuir reste en bon état. Beaucoup d’hommes conservent ainsi leurs souliers Goodyear 10, 20 ans ou plus, avec un entretien approprié (nettoyage, crème, patin préventif, etc.) et des ressemelages périodiques. À l’inverse, un montage Blake a une longévité un peu plus limitée. La couture unique qui maintient la semelle est sollicitée à chaque pas et peut s’user ou casser sur le long terme, notamment en conditions humides. Il est tout à fait possible de ressemeler une chaussure Blake (contrairement à une idée reçue), mais l’opération est plus délicate : le cordonnier doit recoudre en suivant exactement les trous d’origine dans le cuir, sous peine de l’affaiblir. Chaque nouveau ressemelage crée de nouveaux trous si on ne peut pas suivre les anciens, ce qui finit par fragiliser la base de la tige. En pratique, on estime qu’un bon soulier Blake pourra être ressemelé une, deux, voire trois fois au maximum, alors qu’un Goodyear supportera un bien plus grand nombre de ressemelages sur sa durée de vie.

L’étanchéité est un autre critère de durabilité. Sur ce point, le Goodyear est avantagé : la trépointe crée une barrière supplémentaire contre l’infiltration d’eau au niveau de la jonction semelle-tige. L’eau doit traverser la couture petits points, puis éventuellement la couture intérieure, ce qui laisse le temps au cuir et aux traitements d’imperméabilisation de faire barrage. Le Blake, lui, présente directement des points de couture traversants : s’il pleut fort et longtemps, l’eau peut s’infiltrer par ces points jusque dans la chaussure plus aisément. Cela ne signifie pas qu’une Blake est inutilisable sous la pluie (de nombreux modèles sont traités, et on peut appliquer des produits imperméabilisants), mais disons qu’elle sera moins appropriée pour affronter de longues averses ou des flaques à répétition. Pour l’automne-hiver pluvieux, on privilégiera donc soit un montage Goodyear, soit un montage Blake amélioré avec semelle gomme intégrale.

Côté entretien, pas de jaloux : qu’elle soit Blake ou Goodyear, une belle chaussure en cuir demande un minimum de soin régulier. Cirage, crème nourrissante, embauchoirs en bois, repos entre les ports… ces bonnes pratiques s’appliquent aux deux types. On notera toutefois qu’en cas de dommage important (déchirure de semelle, couture qui lâche), une Goodyear est souvent plus facilement réparable sans compromettre la chaussure, là où une Blake très endommagée pourra être plus difficile à sauver. Mais dans l’ensemble, l’entretien courant ne diffère pas : ce sont surtout la qualité du cuir et l’usage du propriétaire qui influenceront la longévité.

Confort et ressenti au pied

Le confort est un critère plus subjectif, mais voici les grandes tendances. Une chaussure en cousu Blake offre généralement un confort immédiat supérieur. Sa construction plus souple (moins de couches, pas de trépointe rigide) permet à la semelle de fléchir facilement dès le premier port. On dit souvent qu’une Blake est “déjà faite” en boutique : vous pourrez marcher toute la journée avec des souliers Blake neufs sans trop souffrir. La sensation sous le pied est également plus proche du sol, plus “directe”, ce que certains apprécient. A l'inverse, une chaussure cousue Goodyear demande souvent une période de rodage. Les premiers ports peuvent être un peu rigides : la trépointe et la semelle (parfois double) ont besoin de quelques jours pour s’assouplir et épouser la démarche du pied. Ce léger inconvénient initial s’efface ensuite : grâce au liège qui se forme à votre empreinte et au cuir de qualité qui se détend aux bons endroits, un soulier Goodyear devient souvent très confortable sur la durée, comme un chausson qui aurait mémorisé votre pied.

Par ailleurs, le montage peut influencer le poids de la chaussure. Un cousu Goodyear ajoute légèrement de la matière (trépointe, liège) et est souvent associé à des semelles plus épaisses : la chaussure peut donc être un peu plus lourde en main et aux pieds. Un modèle Blake, plus dépouillé, sera généralement plus léger. Là encore, c’est une question de préférence : certains aiment sentir un soulier robuste qui “ancre” le pied, d’autres préfèrent oublier qu’ils portent des chaussures. Notons enfin que la différence de respirabilité entre les deux montages est minime. La présence du liège et de la trépointe en Goodyear n’empêche pas le cuir de respirer, et l’absence de ces éléments en Blake ne crée pas de microclimat particulier. Ce sont surtout la qualité des cuirs (tige et doublure) et la présence éventuelle d’une semelle intérieure amovible qui joueront sur la température et l’aération du pied.

 

4. Style et occasions : quand porter du Goodyear ou du Blake ?

Outre les aspects techniques, l’esthétique et l’usage diffèrent aussi entre ces deux types de montage. Selon vos tenues et vos contextes de port, l’un pourra s’avérer plus adapté que l’autre. Voici quelques conseils mode pour faire le bon choix (et briller en société en connaissant l’histoire de vos souliers).

Élégance formelle : le choix de la finesse

Pour une tenue de ville habillée – costume business, gala, mariage – la plupart des gentlemen optent pour des souliers au profil fin et soigné. Avantage au cousu Blake dans ce registre : la finesse de la semelle (souvent en cuir lisse) et l’absence de débord donnent une allure très élégante aux richelieus et derbies, parfaits pour compléter un costume trois-pièces. Cela dit, qui dit formel ne dit pas forcément Blake obligatoire. On trouve aussi d’excellentes chaussures de costume en cousu Goodyear, notamment chez les marques anglaises ou françaises classiques. Ces modèles Goodyear apportent un supplément de caractère : la trépointe visible et la semelle un peu plus épaisse donnent un côté traditionnel et sérieux très apprécié avec un costume en flanelle ou tweed par exemple. La bonne nouvelle, c’est que l’esthétique peut rester très proche d’un Blake. De nos jours, certaines marques innovent avec des semelles gomme ultra-fines et discrètes sur montage Goodyear, alliant confort et look formel. En résumé, pour un usage très habillé, le Blake excelle par son raffinement, mais un Goodyear bien conçu peut tout à fait rivaliser en style, avec en prime l’avantage de la longévité.

Quotidien urbain et casual chic : robustesse ou souplesse ?

Si vous portez vos chaussures du matin au soir, à arpenter trottoirs et escaliers, le critère de confort durable et de polyvalence prend le pas. Ici, le choix va dépendre de votre besoin de robustesse. Pour un usage quotidien intensif (beaucoup de marche, météo capricieuse), le cousu Goodyear tire son épingle du jeu grâce à sa solidité et sa meilleure résistance à l’eau. Une paire de derbies Goodyear bien entretenue encaissera sans broncher les trajets quotidiens, et pourra être ressemelée au fil des années pour suivre votre rythme effréné. C’est typiquement le choix des amateurs de belles chaussures qui veulent un investissement durable pour le bureau. Vous pouvez ainsi opter pour un modèle en cuir à semelle gomme discrète cousu Goodyear – le meilleur des deux mondes pour affronter la jungle urbaine en restant élégant. Cependant, tout le monde n’a pas besoin d’une chaussure indestructible. Si votre priorité est la légèreté et la souplesse pour être à l’aise du matin au soir, une bonne chaussure en cousu Blake peut tout à fait convenir au quotidien. Elle sera plus légère sur le pied et plus flexible, ce qui réduit la fatigue sur de longues journées. La marque Guillemets propose par exemple différents modèles en un cousu Blake, comme les richelieus Apollinaire ou les des derbies Kafka. En somme, pour le bureau et les sorties, le Blake convient parfaitement aux styles casual chic ou business décontracté, tandis que le Goodyear conviendra aux usages plus exigeants ou à ceux qui souhaitent une paire fétiche à garder 10 ans et plus.

Conditions particulières : voyage, hiver et grandes occasions

Y a-t-il des situations où l’un des montages est impérativement préférable à l’autre ? Dans la vie courante, pas tant que ça – vos goûts priment. Mais on peut relever quelques cas particuliers :

  • Par temps froid et pluvieux : Un montage Goodyear (voire Norvégien, encore plus étanche) sera un allié sûr. Si vous devez affronter la pluie quotidienne ou la neige fondue, des bottines cousues Goodyear avec semelle crantée vous garderont les pieds au sec bien mieux qu’une chaussure Blake fine. Si vous préférez porter vos derbies Blake même l’hiver, pensez à les faire équiper d’un patin antidérapant en caoutchouc et à bien les imperméabiliser.
  • En voyage d’affaires : Certaines personnes trouvent qu’une chaussure Blake, plus légère, souple et polyvalente, est le bon compromis lorsqu'on ne peut emporter qu'une paire avec soi.
  • Pour briller en soirée dansante : Si vous prévoyez de swinguer jusqu’au bout de la nuit, vos chaussures au cousu Blake seront là encore une bonne solution pour leur côté souple et léger. Mais si vos chaussures Goodyear sont déjà "faites", elles seront tout aussi confortables et donneront un caractère supplémentaire à votre tenue.
Derbies Kafka - Marron

Modèle Kafka : Derby en cuir au profil raffiné associé au montage Blake

 

5. Chiffres-clés à retenir

  • 95% : Part des chaussures produites dans le monde qui sont montées en cimenté (collées). Les modèles cousus (Goodyear, Blake, etc.) ne représentent qu’une minorité haut de gamme.
  • 1858 vs 1869 : Dates des inventions du montage Blake (1858, Lyman R. Blake) et du montage Goodyear (1869, Charles Goodyear Jr.). Plus de 150 ans d’histoire pour ces procédés toujours plébiscités.
  • 2 coutures vs 1 : Un montage Goodyear comporte deux coutures distinctes (une interne + une visible sur la trépointe), contre une seule couture traversante pour un montage Blake.
  • 10 000 : Nombre de pas qu’une personne parcourt en moyenne par jour. Autant dire que nos chaussures sont mises à rude épreuve ! Investir dans un montage de qualité (Blake ou Goodyear) est un choix judicieux pour le confort de vos pieds et la santé de vos articulations.

 

6. FAQ – Questions fréquentes 

Q1. Comment savoir si mes chaussures sont cousues Goodyear ou Blake ?

Pour le déterminer, observez la semelle et l’intérieur de la chaussure. Si vous voyez une couture tout autour de la semelle extérieure et que la chaussure présente un léger rebord de semelle sur les côtés, il s’agit probablement d’un cousu Goodyear. En inspectant l’intérieur, un Goodyear aura une première de propreté lisse (pas de point visible car la couture interne accroche la trépointe à une nervure collée sous la semelle de montage). En revanche, sur un cousu Blake, la semelle extérieure est généralement cousue sans débord : la tige rejoint directement le bord de la semelle. On peut souvent apercevoir (ou sentir du doigt) la couture en faisant le tour de l’intérieur de la chaussure, juste au niveau de la voûte plantaire. En résumé : Goodyear = couture visible sur trépointe, pas de couture intérieure visible ; Blake = pas de trépointe, couture visible à l’intérieur et sous la semelle.

Q2. Lequel est le plus confortable : une chaussure Blake ou Goodyear ?

Cela dépend du moment et de l’usage. À l’essayage, une chaussure en cousu Blake paraîtra souvent plus confortable car plus souple et légère – vous sentirez moins de résistance en marchant, et la semelle fine amortira légèrement moins les chocs mais épousera bien le mouvement du pied. Un soulier en cousu Goodyear peut être un peu raide au début, le temps que la couche de liège se forme à votre pied et que le cuir se fasse. Mais après quelques ports, beaucoup trouvent le Goodyear très confortable : la semelle un peu plus épaisse et le liège offrent un amorti appréciable sur sols durs, et la chaussure maintient bien le pied. En résumé, pour un confort immédiat, le Blake a l’avantage. Pour un confort sur la durée de la journée et du produit, le Goodyear peut prendre l’avantage (notamment si vous marchez beaucoup, il fatiguera moins le pied grâce à son soutien).

Q3. Une chaussure Goodyear est-elle vraiment meilleure qu’une Blake ?

Il n’y a pas de “meilleur” universel, chacun a ses atouts. Le cousu Goodyear est supérieur en termes de robustesse, de durée de vie et de facilité de réparation/ressemelage. Si vous cherchez un investissement long terme et la capacité à faire durer vos souliers pendant des années, c’est un excellent choix. Le Goodyear offre aussi une meilleure isolation (contre l’eau, le froid) en général. De son côté, le Blake est excellent pour qui veut une chaussure plus légère, plus fine et souvent moins onéreuse à l’achat (le procédé de fabrication est plus simple). Pour des chaussures de costume très élégantes ou des mocassins d’été, le Blake est souvent privilégié. En somme, le Goodyear l’emporte sur la durabilité pure, mais le Blake se défend très bien sur l’esthétique et le confort souple. Dans les deux cas, vous aurez de toute façon une chaussure cousue de qualité bien supérieure à une chaussure collée bas de gamme.

Q4. Peut-on faire ressemeler des chaussures en cousu Blake ?

Oui, absolument. Contrairement à une idée répandue, une bonne chaussure Blake peut être ressemelée par un cordonnier compétent, équipé d’une machine adaptée. De nombreux ateliers de cordonnerie maîtrisent cette opération. Toutefois, il faut savoir que le ressemelage Blake est plus technique : comme expliqué plus haut, le cordonnier doit souvent recoudre dans les trous d’origine pour ne pas fragiliser la tige. Cela demande du soin et peut coûter un peu plus cher qu’un ressemelage Goodyear standard. De plus, on ne peut pas le faire indéfiniment (au bout de quelques ressemelages, le cuir percé successivement peut fatiguer). En pratique, vous pouvez espérer 1 ou 2 ressemelages sans souci sur un bon soulier Blake – ce qui correspond tout de même à plusieurs années de vie prolongée.

Q5. Quel montage choisir pour une utilisation sous la pluie ou en hiver ?

Pour les conditions humides ou difficiles, le Goodyear (voire le Norvégien) est généralement recommandé. Sa construction à trépointe limite les infiltrations d’eau au niveau de la semelle. Vous pouvez porter des chaussures Goodyear sous la pluie modérée sans problème, et même sous forte pluie en les ayant bien imperméabilisées au préalable – l’eau mettra plus de temps à pénétrer. Le Blake, lui, du fait de sa couture traversante, peut laisser passer l’humidité plus vite en cas de grosse averse. Si vous êtes pris sous une forte pluie avec des souliers Blake à semelle cuir, ils risquent de se gorger d’eau plus rapidement (cuir assoupli, semelle qui gonfle légèrement). Ce n’est pas dramatique si ça reste occasionnel : laissez-les bien sécher ensuite avec des embauchoirs en bois, loin d’une source de chaleur directe. Mais pour un usage régulier sous la pluie, mieux vaut soit opter pour des chaussures Goodyear, soit équiper vos Blake de patins en gomme et les réserver aux pluies légères. En hiver froid, le Goodyear permet aussi d’avoir parfois une double semelle (ajout d’une semelle intermédiaire isolante) – utile pour garder les pieds au chaud. Cela dit, n’oublions pas qu’une bonne partie de l’étanchéité d’une chaussure dépend aussi du cuir de la tige et de son entretien : un cuir pleine fleur nourri et ciré résistera bien mieux à l’eau, quel que soit le montage. 

 

Conclusion

Goodyear ou Blake, ces deux montages incarnent le savoir-faire traditionnel qui donne vie aux plus beaux souliers. Le cousu Goodyear, avec son allure solide, séduit par sa longévité légendaire et sa capacité à traverser le temps. Le cousu Blake offre finesse et modernité, avec une élégance intemporelle et une facilité de port au quotidien. Plutôt que de les opposer, pourquoi ne pas apprécier la complémentarité de ces techniques ? Beaucoup d’hommes possèdent ainsi quelques paires en Goodyear pour les conditions exigeantes ou les pièces maîtresses de leur dressing, et des paires en Blake pour varier les styles et profiter d’un confort immédiat. L’important est de choisir des chaussures de qualité, bien conçues, qui reflètent votre personnalité et dans lesquelles vous vous sentez bien.

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